The Casters

Cela faisait maintenant une bonne semaine que le bateau avançait. Sarah discutait beaucoup avec Bétraid du fonctionnement du FAM ; à tel point qu’ils pouvaient passer des heures d’affilés. Bétraid, lui, semblait s’intéresser de plus en plus à son pouvoir, surtout qu’il l’aidait à le perfectionner lors de nombreuses séances d’entraînement. Elle passa en moins de quelques jours d’un niveau lamentable à celui de pro, à tel point qu’elle parvenait non seulement à faire voir des choses à l’autre, mais aussi à modifier ce qu’il voyait tout court en y ajoutant du son. Mais tout ça était trop beau pour durer.
Un soir, alors qu’elle se trouvait allongée dans son lit que tout semblait devoir être paisible, Sarah entendit un bruit étrange en provenance du couloir. Quiorra n’y était pour rien, puisqu’il dormait dans le lit en haut, mais alors qui ? Curieuse de savoir de quoi il pouvait s’agir probablement, la petite fille sortit de son lit, enfila un pull et quitta discrètement la chambre.
Le couloir était sombre et silencieux, comme d’habitude. Après l’avoir exploré pendant un petit moment, elle soupira, fit demi-tour pour retourner à sa chambre lorsqu’elle entendit un bruit étrange, comme celui d’un cheval au trop. Clop-clop-clop-clop.
« Quoi encore ? » Murmura Sarah en avançant dans la direction d’où provenait le son.
Elle avançait et avançait, suivant toujours ce clop-clop-clop-clop. Elle du bien parcourir la moitié du navire ainsi. Sarah abouti de cette façon à un parti du navire où elle n’était jamais encore allée : une soute à bagage de la taille d’un entrepôt. Elle suivit toujours le clop-clop-clop-clop, mais brusquement, il cessa et la petite fille s’arrêta net et regarda autour d’elle.
Dans l’obscurité, une lumière s’alluma soudain. Discrètement, Sarah s’approcha le plus possible de cette lumière, puis, se planqua derrière une caisse et se pencha tout de même un peu pour voir ce qui se passait. Une expression de surprise apparue alors sur son visage, il s’agissait de Bétraid qui discutait avec la femme blanche, cette même qui avait donné ce pouvoir à la petite fille.
« On est d’accord, dit Bétraid à la femme blanche qui montrait une attitude intéressée, si jamais je te libère, tu coule le navire et tu zigouille tout le monde, à part Quiorra.
- Aucun problème ! » Répondit la femme en souriant.
Sarah ouvrit grand les yeux et demeura bouche bée pendant quelques instants. Il y a fort à parier qu’elle était en état de choc, non seulement à cause de la trahison de Bétraid, mais l’imminence du danger. C’est alors que deux yeux rouges apparurent à côté de Bétraid et une voix rauque dit :
« Après ça, il ne restera plus qu’à retourner sur le continent pour tuer les quatre autres chefs du FAM et tu pourra y aller.
- Bien, alors c’est parti. » Dit Bétraid en sortant une clée qu’il introduit dans la serrure de la cage.
Dès qu’elle en fut sortie, la femme blanche tira un rayon extrèmement lumineux contre la coque du navire qui se fendit. L’eau envahit alors l’endroit.
« Au fait, dit la personne à qui appartenait les deux yeux rouges mais que Kathy n’eut pas le temps de voir (même au moment du rayon lumineux, les yeux de Sarah étaient tournés vers la coque), y’a cette gamine juste derrière une caisse. »
Le femme blanche s’approcha un peu de la caisse et la fit sauter. Sarah fut brutalement projetée contre une caisse, heureusement en carton celle-ci.
« Elle est de ton unité ? Demanda la femme blanche à Bétraid.
- Oui.
- Je peux la tuer quand même ?
- Oui. »
Sarah leva timidement la main, mais apparemment, ce n’eut pour effet que de faire rire la femme blanche. Elle tira de nouveaux rayons, mais aucun ne toucha Sarah. Pourtant, elle afficha un grand sourire et dit en se tournant vers Bétraid :
« C’est bon, je l’ai eu !
- Non, répondit-il, regarde les cercles dans l’eau par terre, ils bougent encore. Elle a du se servir de son pouvoir d’illusions pour te tromper. »
Mais à la seconde où il eut dit ça, Sarah effectua un nouveau geste de la main et la femme blanche afficha une expression étonnée.
« Ils sont où ces cercles ?
- Elle a du les faire disparaître aussi, dit Bétraid en fronçant les sourcils. Et avec toute cette foutu eau qui entre, pas possible de l’entendre. »
Sans même prendre le temps d’afficher le moindre petit sourire, Sarah courue vers la sortie qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de là. Un rayon lumineux la frôla alors de moins d’un mètre. Derrière elle, la femme blanche tirait dans tous les sens et Bétraid courait lui aussi vers la sortie (ayant sans doute anticipé ce que la petite fille avait derrière la tête).
Mais elle fut la plus rapide et ferma la porte en appuyant sur le bouton de fermeture en lui donnant des coups de poing frénétiques. Elle se remit ensuite à courir quand brusquement, une sirène se fit entendre. Les lumières des chambres s’allumèrent alors toutes et les gens sortirent de celles-ci.
« Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Sarah à un homme qui ne courait pas (trop occupé à mettre son caleçon).
- Faut ficher le camp d’ici ! S’exclama-t-il, y’a un trou dans la coque du navire ! »

D’après ce qui venait d’être dit à Sarah, on pouvait en conclure la chose suivante : le bateau coulait par l’avant et on se trouvait au beau milieu de l’Atlantique nord. Colmater les brèches n’aurait absolument pas été un problème s’il n’y avait pas cette femme blanche qui continuait de semer la panique sur le navire ; personne n’était en mesure de l’arrêter.
Madeu, Sarah, et plusieurs autres personnes étaient sur le pont, immobils, regardant la femme blanche tirer sans pourvoir rien y faire.
Quiorra arriva alors et dit :
« Mauvaise nouvelle, on perd de plus en plus d’hommes à cause de l’eau.
- Le problème c’est qu’on peut rien faire, tu vois ?! Riposta violement Madeu.
- Professeur, dit un homme avec le visage en sang, qu’est-ce qu’on doit faire pour les blessés ?
- Amenez-les ici, je vais faire ce que je peux. »
Les hommes qu’on ammena était couverts de sang et Sarah ne pu s’empêcher de vomir devant ce spectacle. Il manquait des bras à certains, à d’autres des jambes. Madeu avait beau tenter de faire ce qu’il pouvait avec d’autre médecins, les blessés mourraient tous au suite d’une longue agonie, ou, si on voyait à temps que c’était perdu, on les achevait d’une balle dans la tête.
Sarah tremblait et ne pu se tenir plus longtemps sur ses jambes : jamais elle n’avait du voir tant de sang. Tant de morts, elle n’avait que 11 ans et des dizaines de gens étaient en train de mourir à tout juste quelques mètres d’elle dans la plus terrible agonie qui soit.
« Au fait, dit un des docteurs, comment ça se fait que toutes ces personnes soient bléssés comme ça, ça peut pas seulement être du à l’eau.
- On s’en fout de ça ! Hurla Madeu, on est pas là pour poser des questions, on est là pour sauver ces mecs bon Dieu de merde !
- Y’a un truc pas net qui se passe sur ce bateau.
- Evidemment ! Riposta Madeu en achevant quelqu’un, on est en train de couler à pic et on peut rien faire pour arrêter la pute qui nous tire dessus, tu vois quoique ce soit de normal là-dedans ?!
- Mais …
- Ta gueule ! J’ai besoin de tes mains, pas de tes commentaires merdiques ! Hurla Madeu, maintenant aide-moi avec celui-ci ! »
Sarah était toujours immobile alors qu’autour d’elle, le feu avait gagné le pont et les gens continuaient d’être apportés là et de mourir. Alors que tout semblait devoir finir en catastrophe générale, la femme blanche cessa tout à coup de tirer sur le navire et s’envola.
« Monsieur, dit-elle faiblement à Madeu, elle a disparue.
- Eh ben tant mieux ! Dit-il en achevant une nouvelle victime. N’empêche que le bateau est foutu et qu’on est au beau milieu de l’Atlantique. »
Il soupira et dit :
« Tout ce qu’on peut faire c’est prendre les canots de sauvetage et espérer que quelqu’un va passer par ici, dit quelqu’un.
- T’es con ou quoi ?! Riposta Madeu, on va crever de faim ou de froid et c’est tout ! A ce stade-là, je préfère me tirer une balle dans la cervelle. »
Sarah se releva et vomi par-dessus bord sans doute ce qu’il lui restait de dîner. Elle redressa alors la tête et ouvrit grand les yeux : il y avait un navire qui se dirigeait vers eux. Elle se redressa rapidement et alla prévenir tout le monde. Il ne restait en réalité plus que quatre personnes : elle, Madeu, Quiorra, un docteur et Bétraid qui venait de faire sa réapparition sur le pont, un sourire serein aux lèvres.

Tandis que le navire approchait, Bétraid posa tranquillement la main sur l’épaule de Sarah et dit :
« Alors petite, tout est bien qui fini bien, non ? »
Sarah le regarda alors pendant quelques instants avec une expression de fureur indescriptible dans le regard.
« Oh, tu m’en veux encore pour tout à l’heure ? Demanda-t-il en souriant, allons … »
Elle le mordit alors à la main aussi fort que possible, à en juger de ce qui venait de se passer. Mais elle ouvrit alors grand les yeux et hurla. Elle agita une de ses mains : une morsure profonde venait d’apparaître dessus.
« Dis-moi petite, reprit Bétraid, je te propose un accord.
- Un accord ?
- Oui : tu parles pas de ce qui s’est passé en bas et tout ira bien pour toi.
- Tout ira bien pour moi ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Vous êtes une ordure, un point c’est tout ! »
Il sortit alors de sa poche un canif et Sarah recula. Cependant, aussi surprenant que cela puisse paraître, il s’entailla lui-même la main. Sarah demeura immobile pendant quelques instants, mais soudain, elle hurla en se tenant la main. Elle saignait, mais Bétraid pas.
« Alors, tu vois la puissance de mon pouvoir, dit-il tranquillement en rangeant le couteau. Si on s’entendait, qu’est-ce que tu en dis.
- Pourquoi est-ce que vous faites ça ? Demanda Sarah en serrant sa main blessée avec l’autre.
- Tu es trop petite pour comprendre, mais laisse-moi te dire que ce FAM dont je t’ai tant parlé n’est qu’un ramassis d’abrutis qui ne méritent même pas de vivre. »
Sarah n’osait rien dire, Bétraid devait sans doute considérer ça comme un « oui ». Il frotta dans sa tête de la main et dit en souriant :
« Bon allez, ne devrait-on pas se dépêcher d’aller vers ce bateau qui vient nous chercher. »
Sarah afficha alors un air qui ne pouvait vouloir dire qu’une chose : elle venait de comprendre.
« C’est pas un hasard si ce bateau passe pile par ici, hein ?
- Perspicace la petite. En effet, c’est moi qui leur ait demandé de venir me chercher moi et Quiorra. Puis, Jada nous rejoindra. Tu vois, les grands génies comme moi …
- Pauvre plouc.
- Hein ?
- Rien.
- Bref, il serait peut-être temps d’y aller, qu’est-ce que tu en dis ? Ce cher professeur Madeu doit nous attendre. »
Mais Sarah n’obéit pas et demeura immobile, les yeux remplis de colère.
« Qu’est-ce que vous allez faire au professeur ? Demanda-t-elle en serrant les poings.
- Moi ? Ecoute, si tu ne poses pas trop de question et si tu te montre bien coopérative, je ne te tuerais pas. »
Il prit Sarah par la main et se dirigea vers les autres et ajouta :
« Par contre, ton cher professeur passe à la trappe. »

Sarah, Madeu et les autres montèrent sur le navire qui était un petit navire de pèche. Tandis que Madeu était en train de discuter avec le capitaine sur le pont, Bétraid dit à Sarah en s’approchant d’elle :
« Bien ma petite, je vais me charger de Madeu. Si tu es une gentille petite, je te prendrais sous mon aile. »
Sarah bougea légèrement la main.
Bétraid sortit alors un revolver et le pointa vers Madeu qui était toujours en train de discuter avec. Sarah était un peu pâle et serra les poings alors que Bétraid allait appuyer sur la gâchette. Et soudain, le coup parti … mais la balle passa à au moins trois mètres de Madeu. Tout le monde se retourna alors vers Bétraid qui regardait Madeu avec un regard étonné. Il tira de nouveau, mais à chaque coup, les balles passèrent à plusieurs mètres de la cible. L’arme émit alors un clic indiquant qu’il était vide ; Bétraid la jeta par terre et recula, un regard hébété sur le visage. Puis soudain, il eut l’air de comprendre.
« Petite salope, dit-il en se tournant vers Sarah, je sais que t’y est pour quelque chose. Tu vas voir ! »
Il sortit alors un poignard mais Madeu s’interposa entre lui et la petite fille. Bétraid avait maintenant l’air d’être complètement perdu, n’ayant plus aucune issue. Il jeta alors un regard très discret à Quiorra qui acquiesça en retour. Brusquement, une parti du pont prit une silhouette humaine et celle-ci poussa Bétraid en arrière, de telle façon à ce qu’il passe par-dessus bord.
« Chopez-le ! » S’exclama Madeu en se précipitant pour voir sans doute ce qu’il en était.
Sarah se précipita aussi et tout le monde était là pour voir Bétaid mort dans l’eau. Madeu soupira et dit en souriant :
« Bon, au moins, un danger d’écarté, on va pouvoir avancer un peu. »

Kathy lâcha la sphère. Il en restait plusieurs et elle en toucha une au hasard. Celle sur laquelle elle tomba contenait la plupart des souvenirs que la petite fille avait du FAM : sa formation, ses premiers petits amants, sa tentative de suicide …
Kathy vit alors quelque chose qui ressembla plus à un rêve qu’autre chose, tant il avait l’air bizarre. Sarah devait bien avoir douze ans, elle avançait toute seule dans un couloir obscure avant d’ouvrir une porte qui, d’après ce que Kathy avait pu voir, était interdite à quiconque. Dans cette pièce, une dizaine de personnes travaillant avec des éprouvettes contenant un liquide noir.
Soudain, ils se tournèrent vers elle. Ils lâchèrent leurs éprouvettes et e précipitèrent pour fermer la porte. Sarah était prise au piège et tenta de courir dans la pièce, mais elle fut rapidement saisie. La petite fille fut directement saisie et assise sur une chaise étrange. On l’attacha à la chaise avec des lamelles de cuire et on lui mit une espèce de poêle sur le crâne.
« Qu’est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle en se débattant.
- Ta gueule. On aime pas être déragés, surtout par les gamines dans ton genre. » Répondit quelqu’un en baissant un levier.
Le corps de Sarah se mit alors à gigoter anormalement, en effet, n’était-elle pas sur un magnifique exemplaire de chaise électrique ? Du sang sortit alors de ses trous de nez et ses doigts serrèrent les dossiers du siège. Mais tout à coup, Sarah disparue de la chaise pour se retrouver dans le couloir. Là, elle regarda autour d’elle avec étonnement et vit passer Madeu. Celui-ci avait pourtant l’air beaucoup plus jeune, comme si tout ça se passait dix ans plus tôt.
« Monsieur, bégaya-t-elle en pouvant à peine tenir sur ses jambes, aidez-moi. »
Mais il ne réagit pas.
« Monsieur. »
Rien.
Elle eut l’air de réfléchir pendant quelques instants, puis, de trouver la réponse à l’énigme. Durant une bonne heure, elle marcha avec peine vers le laboratoire privé de Madeu qui était parfaitement rangé. Brusquement, on se retrouva dix ans plus tard, Madeu assit à son bureau mal rangé en train de jouer avec les éprouvettes.
« Monsieur, dit Sarah en s’accoudant au mur, aidez-moi. »
Cette fois, Madeu se retourna et eut l’air de voir Sarah.
« Qu’est-ce qui se passe ? Demanda-t-il d’un air surpris
- Y’a des gens bizarres dans le vieux labo, en bas. »
Elle s’évanouit et Kathy perdit le visuel.
Kathy soupira et sortit alors de cet univers après quelques instants de réflexion. Là, elle se trouvait en face de la vraie Sarah dont elle tenait toujours la main.
« Alors ? Demanda Sarah, tu as vu ce que tu voulais ? »
Kathy hésita quelques secondes avant de lui répondre.

« Oui, répondit Kathy. Je voulais simplement voir comment tu avais bien pu atterrir ici.
- Comme tu vois.
- Tu crois que c’est possible de faire la paix après tant d’années. »
Sarah sourit légèrement.
« Bien sûr, on était meilleurs copines avant, à Thioria … et d’ailleurs pourquoi est-ce qu’on s’est disputé ? «
Elles réfléchirent toutes deux pendant quelques secondes, mais comme aucune des deux ne trouva, elles en restèrent là. Kathy et Sarah s’assirent donc et commencèrent à discuter. Le temps passait et la petite fille de Kathy était toujours inconsciente.
Au bout d’un moment, des craquements de branche se firent entendre. Kathy se retourna et regarda autour d’elle pendant quelques instants ; elle sentait que quelque chose n’allait pas autour d’elle, comme si quelqu’un était en train de l’observer.
Brusquement, des dizaines d’hommes sortirent des fourrés avec leurs armes à la main. Kathy se redressa pour se préparer au combat, mais elle se rendit bien vite compte que les soldats braquaient leurs armes sur sa fille.
« Allez, rends-toi, dit un homme en blouse blanche. Si t’es gentille, on tueras pas gamine. »
Kathy ne comprenait pas tout ce qui se passait. Elle eut alors un affreux doute et se retourna vers Sarah. Sarah se mordait les lèvres et n’osait pas la regarder directement ; pour Kathy, cela ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose : elle venait de se faire avoir en beauté. La jeune femme se mit alors à réfléchir : devait-elle tuer l’homme en blouse blanche ou bien cette garce qui prétendait être son amie d’enfance.
« Salope ! S’exclama Kathy.
- Assez, dit l’homme en blouse blanche, capturez-là. »
Kathy fit alors un geste de la main et la tête de tous ceux qui visaient sa fille éclatèrent. Les autres mirent alors en joue si rapidement que Kathy eut à peine le temps de se rendre compte de ce qui se passait et n’eut pas le temps de préparer la riposte. Les coups partirent, mais ils ratèrent tous leurs cible. Kathy ne trouva pas le courage de bouger après ce qui venait de se passer.
« Toi ! Hurla l’homme en blouse blanche en attrapant Sarah par le col, comment oses-tu te servir de tes pouvoirs contre nous.
- C’est mes affaires, répondit Sarah en fronçant les sourcils, même si t’es chef d’unité toi aussi, je t’interdit de la tuer. »
Sarah reçue alors un coup de crosse derrière le crâne, ce qui lui sonna la boite crânienne. Quelques gouttes de sang coulèrent le long de sa tempe et elle tomba à terre.
« Qu’est-ce qu’on fait avec elle ? Demanda un des soldats au chef d’unité, on la ramène ?
- … nan, tuons-la tout de suite, comme ça, on en aura fini avec elle. »
Un soldat rechargea donc son arme et braqua le canon de celle-ci contre la tempe de Sarah.
« Veut … pas … mourir, bafouilla-t-elle.
- Eh ben pas de chance ma cocotte.
- Non … veux … pas … »
Brusquement, la tête du soldat qui était sur le point de la tuer explosa. Tout le monde bondit de terreur en essayant de voir d’où le coup avait bien pu venir, mais il n’y avait absolument personne en vue. Les têtes continuèrent d’exploser jusqu’à ce qu’il ne reste que Sarah et la petite fille.
Kathy sortit alors des fourrés où elle avait eu le temps de se dissimuler. Elle courue vers Sarah et l’aida à se relever, déchira une partie de sa chemise et lui fit un bandeau autour de la tête.
« Merci de m’avoir sauvé, dit Sarah en posant la main sur son épaule.
- De rien, tu avais fais la même chose pour moi … mais à ton avis, comment est-ce que ces mecs on pu apparaître de nulle part comme ça ?
- Après que tu te sois évadé, ils ont du mettre l’île toute entière en alerte rouge. Doit encore y avoir pas mal d’équipes qui rodes par ici. »
Kathy se mordit les lèvres et jeta un coup d’œil rapide à sa fille. Mais soudain, elle eut une idée. Elle s’approcha de Sarah et lui glissa l’idée à l’oreille. Sarah eut l’air surprise pendant quelques secondes, mais bien vite, afficha un léger sourire.
« Eh bien allons-y, qu’attendons-nous ? » Dit-elle en se levant et en enlevant son bandeau.

Le bateau allait maintenant partir dans moins de quelques minutes. Là, tout le monde était au complet si on mettait de côté au moins trois chefs d’unité, dont Sarah. Il y avait un petit pot pour le départ, mais en réalité, ça allait donner pour la suite de la soirée une gigantesque fête. Au denier moment, alors qu’on pensait à lever l’encre, Sarah apparue sur le port, sa valise en main.
« Eh ben on t’a presque attendu ! Lui fit remarquer le boss. Où est-ce que t’étais.
- Je me suis perdue en forêt, répondit-elle en montant sur le bateau.
- Voila qui n’est pas étonnant, glissa Quiorra.
- N’empêche, intervint Teuten, c’est dangereux de se balader là. Imagine que tu sois tombée sur cette Caster ? »
Sarah haussa les épaules avant de répondre :
« Je me débrouille aussi quand je veux, non ?
- Oui, oui. » Dit Charles d’un regard morose.
Sarah le considéra pendant quelques instants avant d’annoncer qu’elle allait dans sa cabine pour se changer.
« Hé ! Si tu vas faire ça, dit Teuten en souriant avec son verre de cognac en main, pourquoi pas mette cette robe qui met si bien tes fesses en valeur ? »
Lui aussi, Sarah le considéra pendant quelques instants, mais avec un regard un poil plus désapprobateur. Mais finalement, elle sourit légèrement et glissa en se dirigeant vers la porte d’entrée de l’étages des cabines :
« Je crois que je vais plutôt mettre la bleue, c’est celle qui met bien mes yeux en valeur.
- Ohhh, pfff. » Fit Quiorra en prenant un autre verre.
Sarah monta dans sa cabine et, lorsqu’elle eut fermé la porte, Kathy apparue derrière elle.
« Je sais pas comment t’as fait pour me planquer aussi bien, dit-elle en s’asseyant sur le lit avec sa petite fille dans les bras.
- C’est pas sorcier, dit Sarah en ouvrant son armoire. Et puis surtout, je suis pas chef d’unité pour rien.
- N’empêche. » Ajouta Kathy.
Sarah se déshabilla et enfila ensuite une robe rouge, puis, après choix, une verte, puis une violette, mais se décida finalement à en porter une bleue. Après s’être maquillée, elle se dirigea vers la porte.
« Où est-ce que tu vas ? Lui demanda Kathy.
- A la fête, y’en a pas mal qui doivent m’attendre là-bas. En attendant, tu devrais te reposer un peu. Je sais tout ce que t’as pu te prendre dans la figure aujourd’hui, tu dois être morte de fatigue.
- D’accord, à plus. »
Sarah quitta donc la pièce.
Cependant, il semblait à Kathy que quelque chose allait se passer très bientôt … et elle avait raison.

Kathy se reposait dans le lit, la petite fille juste à côté d’elle. Elle ne savait si c’était du au stress au pas, mais elle sentait une sensation bizarre au ventre, comme si ses boyaux se tordaient. Mais elle fini par se dire que ce n’était pas important et elle se retourna dans le lit. Autour d’elle, il faisait complètement noir et les mains de la jeune femme tremblaient : elle avait tellement peur parce que si jamais quelqu’un entrait dans cette chambre, elle devrait sans doute le tuer ou quelque chose dans ce genre.

Kathy s’était endormie, mais elle fut réveillée par une brusque douleur. Elle se redressa et regarda autour d’elle pour voir si elle avait été attaqué … non, rien du tout. Elle se passa la main sur la figure et recoucha sa tête sur l’oreiller. Cependant, des bruits de pas se rapprochèrent dans le couloire.
« Merde, va-t-en toi, va-t-en toi. » Murmura Kathy en serrant les poings.
Il y eut alors quelques instants de silence et brusquement, la porte s’ouvrit. Durant une bref seconde, Kathy osa espérer qu’il s’agissait de Sarah, mais pas du tout.
« Sarah, dit Charles en cherchant l’interrupteur de telle façon qu’il était clair qu’il était ivre, t’as oublié ton sac là-haut. »
Kathy n’osa pas répondre.
« Hé, Sarah !
- J … je me sens mal, j’ai trop bu, dit Kathy en tachant d’imiter autant que possible la voix de Sarah.
- Tu m’étonnes, vu comment t’as bu ce soir, brr …
- Tu peux me laisser ?
- Oui, je vais juste mettre le sac sur la table. »
Il marcha lentement vers la table qui se trouvait de l’autre coté de la cabine. Kathy avait réellement de la chance que la lumière soit éteinte, sinon, elle aurait été repérée depuis pas mal de temps. Charles posa alors le sac sur la table et se préparait à s’en aller lorsqu’il aperçu la petite fille de Kathy.
« C’est qui elle ? » Demanda-t-il.
Kathy ne savait pas quoi réponde, elle était totalement paralysée par la peur.
« Hé, Sarah, t’as déjà claquée ? »
Il s’approcha légèrement d’elle et posa sa main sur son épaule.
« Hé, Sa … »
Kathy fit un geste violent de la main et Charles fut projeté contre le mur de la cabine si fort qu’il en perdit connaissance. La jeune femme redressa la tête et vit ce qu’elle venait de faire sous l’effet de la panique. Elle respira à fond et se passa la main sur la figure.
Mais brusquement, elle ressentie de nouveau cette douleur au ventre et elle serra les dents aussi fort que possible pour essayer de ressentir la douleur le moins possible. Là, elle aurait vraiment besoin de Sarah, elle saurait certainement quoi faire. Sauf que pour l’instant, elle n’était pas là du tout. Kathy se souvint alors que Charles avait dit que cette chère Sarah avait trop abusée de la boisson.
« Crotte, c’est vraiment ma veine. » Murmura Kathy.
Kathy entendit alors quelqu’un fredonner une chanson, cette personne se rapprochait de la chambre. Kathy serra de nouveau les poings en espérant que cette personne (assez ivre selon l’intonation de la voix) passerait simplement son chemin sans rien demander. C’est alors que Sarah entra dans la chambre. Sauf qu’elle s’accoudait au mur pour ne pas s’écrouler par terre et elle gardait une main plaqué sur la figure.
« Sarah ! S’exclama Kathy en sortant du lit.
- C’est qui ? kiki, hihi ! Répondit Sarah sans sourire pour autant.
- Kathy, c’est Kathy.
- Oooooooh, Kathy. Quoi d’neuf docteur ?
- Bon sang, qu’est-ce que t’as bu pour être dans cet état ? »
Sarah se laissa tomber sur le lit.
« Ben, j’ai un peu trop abusé de la vodka … beuhhh ! »
Kathy avait toujours en tête la soirée où elle avait aussi abusée de la vodka … bon sang, elle n’oublierait jamais la gueule de bois à laquelle elle avait eu le droit le lendemain matin. Pour le moment, rien ne semblait pouvoir être fait pour Sarah et il y avait toujours Charles inconscient dans un coin de la chambre ; tu parles d’une soirée bien réussie !
« Kathyyyyyyy, dit lentement Sarah, tuuuu peux me passer li pitit flacon rouuuuuge dans ma vaaalise ? »
Kathy alluma la lumière, ferma la porte de la cabine et ouvrit la valise. Mais il devait bien y avoir dedans une belle centaine de flacons et une belle vingtaine rouges.
« Lequel ? Demanda nerveusement Kathy.
- U-13.
- Voilà. » Dit Kathy en sortant le flacon et en le passant à Sarah
Sarah ouvrit lentement le flacon et, la main tremblant, en versa à peu près la moitié dans sa bouche. Elle avala rapidement, en dépit du fait que ça avait l’air d’avoir un goût absolument atroce. Dix minutes plus tard, elle se releva rapidement et fonça aux toilettes et vomi dans la cuvette.
« Eh ben, dit Kathy en haussant les épaules, tu parle d’un vodka de … »
Brusquement, Kathy sentie une terrible douleur au ventre et elle s’assit rapidement sur le lit pour éviter de tomber par terre. Sarah sortie de la salle de bain ; assez étrangement, elle avait l’air d’aller mieux maintenant, pas totalement, mais beaucoup plus que dix minutes auparavant.
« Sarah, j’ai mal, dit Kathy en serrant les dents, je sais pas ce qui se passe. »
Sarah la regarda pendant quelques instants, puis pâlit. Rapidement, elle fouilla sa valise et lui passa un flacon violet en lui disant d’en boire la moitié.
« Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Kathy.
- Y’a dix minutes, répondit Sarah, j’ai prit un produit qui accélère l’activité cellulaire par 3. Je serais sobre 3 fois plus vite.
- Oui, et donc ?
- Toi, tu as prit la même chose, mais je viens de te donner l’antidote.
- Et donc, la douleur, c’était quoi ?
- Eh bien …
- Oui ?
- T’es sur le point d’accoucher. »

Kathy n’en croyait pas ses oreilles. Elle se disait que Sarah avait trop bu et qu’elle avait inventé ça pour rire un bon coup … sauf que son visage était absolument sérieux lorsqu’elle avait dit ça. Kathy pâlit à son tour en se mordit les doigts. Jamais elle n’aurait pu imaginer une situation aussi mauvaise, elle était en plein territoire ennemi et elle allait accoucher d’un bébé qui ne devrait normalement être là que dans six mois.
« T’inquiète pas, dit Sarah en fouillant sa valise, je sais quoi faire, je suis un des meilleurs médecin de tout le FAM.
- T’as déjà pratiqué un accouchement ?
- Non, mais il n’est jamais trop tôt pour apprendre. »
Cette réponse ne rassura absolument pas Kathy qui n’avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Sarah sortie alors un flacon bleu et elle mit le liquide dans un seringue. Mais dès qu’elle s’approcha, Kathy recula.
« C’est quoi ce truc ?! Demanda-t-elle avec frayeur.
- Une drogue qui va t’expédier le temps de l’accouchement aux pays des merveilles.
- Eh oh ! J’en veux pas de ton truc. »
Sarah soupira.
« Je me disais juste que ton corps n’était absolument pas prêt pour ça et que l’effort de l’accouchement risquerait de te tuer. Mais si tu préfères faire à la veille méthode, alors …
- Non, non, attends. Je veux bien essayer ton truc. »
Sarah s’approcha alors d’elle et introduit lentement la seringue dans son bras. Kathy trembla légèrement pendant que le liquide filait vers ses veines. Sarah déposa alors la seringue sur la table juste à côté d’elle et enleva son pull et retroussa ses manches.
« Il va falloir que tu t’allonges sur le bliiiiiiiiiiiiiiiiii. »
Kathy fut surprise.
« Hein ?!
- Fbbbbbooooo t’aaaaaaagggggllongeyyyyyy … »
Peu à peu, le monde autour de Kathy devint de plus en plus flou et finalement, elle perdit connaissance.

Kathy se réveilla dans une étrange forêt, une forêt très obscure et seul la lumière de la lune lui permettait de voir un minimum autour d’elle. Un panneau apparue alors juste à côté de la jeune femme. Soupirant, elle lu ce qui était écrit dessus :
« Bienvenue dans la foret de Gnegip. Nous avons le thé à 15h et le petit déjeuner à 29h. »
Kathy se passa la main sur le figure et se mit à avancer dans cette forêt, espérant que tout se passait bien du côté de Sarah.
Elle arriva assez rapidement en face d’une petite maison verte à pois bleus dont la cheminée rejetait une fumée jaune. Haussant les épaules, elle s’avança vers la porte de la petite maison et toqua dessus. C’est alors qu’une main se plaqua sur ses yeux par derrière.
« Coucou ! Entendit-elle, c’est pour quoi faire ?
- Moi ? Je … je sais pas. Entrer là-dedans. »
Les mains se retirèrent de ses yeux et lorsque la jeune femme se retourna, elle vit un petit lutin. Il était habillé en costume écossait mais avec un pantalon irlandais et un magnifique air britannique. Il considéra Kathy pendant quelques secondes avant de dire :
« Oh, mais savez-vous que je vais là-dedans aussi ?
- Non, je savais pas.
- Eh bien, si, venez. »
Il enfonça alors la porte à la grande surprise de Kathy. Cependant, elle se dit que la drogue de Sarah était en train de bien faire son boulot et que son amie elle-même devait être en train de bien bosser. Elle entra dans l’appartement où le petit lutin l’introduit dans le salon de thé où se trouvaient près de 10 jeunes, moitié garçons et moitié filles.
« Mes maîtres, j’ai trouvé une nouvelle invitée, dit le lutin en se prosternant.
- Parfait, dit un des garçons en croquant un biscuit, laisse-nous maintenant. »
Le lutin sorti donc de la pièce.
« Béné-béné-béné, dit une des filles, si on commençait ?
- Bonne idée ! » Répondit un des garçons en souriant.
Elle sortie alors une mitrailleuse et se mit à tirer sur tout le monde. Kathy eut tout juste le temps de se mettre à couvert avant que les balles ne sifflent à seulement quelques centimètres de sa tête. Kathy se coucha par terre et demeura ainsi jusqu’à ce que le silence se fasse. Lorsqu’elle releva la tête, elle se trouvait de nouveau dans la forêt.
Kathy se releva et vit que peu à peu, les arbres disparaissaient. Tout à coup, elle prit peur et pâlit. Elle avait beau savoir qu’il s’agissait d’une hallucination, elle avait peu comme jamais auparavant.
Elle regarda alors de nouveau autour d’elle et vit que c’était le néant, le noir complet. Il ne plus qu’un vieux marronnier au milieu de cet univers de noirceur.
« Bon sang, y’a plus personne, murmura Kathy en sentant la tristesse et la solitude l’envahir, c’est comme pendant toutes ces années … jamais personne … jamais.
- Si, moi je suis là. »

Kathy se retourna et, sur la branche d’un arbre, vit un chat dont le visage était animé par un immense sourire. Elle le regarda pendant quelques instants avec la certitude de l’avoir déjà vu quelque part, mais où ? Ça, elle ne s’en souvenait plus.
« Alors Kathy, ça ne va pas ? Demanda le chat.
- Non, j’ai peur.
- De quoi ?
- De tout ! Je suis sur un navire qui me mène je ne sais où et je suis en train d’accoucher ! Si ça vous arrivait, qu’est-ce que vous penseriez.
- Dis-moi, pourquoi est-ce que tu veux te suicider déjà ? »
Kathy fronça les sourcils.
« Parce que j’en ai assez de la vie, voilà pourquoi ! J’ai perdu tout ceux que j’ai jamais aimé et je vis dans la vengeance et le meurtre ! J’ai juste envie de mourir ! »
Le sourire du chat grandit.
« Allons Kathy, dit-il, tu dis qu’il n’y a plus personne avec toi ?
- Oui.
- Et en ce moment même, qui est en train de se charger de faire naître ton bébé ? »
Kathy ne répondit rien.
« J’imagine bien que le monde est grand, reprit le chat sans que le sourire ne disparaisse de son visage, mais ça veut dire qu’on est jamais seul, qu’un jour, on rencontre des gens qui serons prêt à tout pour vous.
- Je … euh …
- Et puis, quand on y pense, n’y a-t-il rien de pire que la mort ? C’est trop facile de croire que ça veut dire qu’on va rejoindre ceux que l’on aime pour une éternité de sérénité. Selon toi, n’est-on pas capoute une fois qu’on meurt ?
- Mieux vaut ne plus exister que vive pendant des décennies avec la souffrance et la tristesse.
- Mais pendant ces décennies, n’y a-t-il pas la possibilité que l’on rencontre le bonheur ? Est-ce que tout le monde ne peut pas le rencontrer au moins une fois ?
- Je l’ai eu pendant que j’étais petite, maintenant, c’est fini. »
Il y eu quelques instants de silence pendant lesquels Kathy serra entre ses doigts tremblants les plis de sa robe.
« Mais maintenant que j’y pense, reprit le chat, juste avant de mourir, elle t’as dit quoi ta mère ? »
Kathy demeura muette. Ça faisait tellement longtemps que ça s’était passé qu’elle ne se souvenait absolument pas des détails. Sauf que là, puisqu’on en parlait, des images et des sons commencèrent à lui revenir en mémoire. Ils furent douloureux, naturellement, mais Kathy les supporta pour trouver ce dont le chat voulait parler.
« Elle m’a demandé de … vivre. » Finie-t-elle par répondre.
Elle avait dit ça avec une boule bizarre dans la gorge. Les images de l’hallucination commencèrent à se dissiper et en jetant un dernier regard au chat, Kathy vit son gigantesque sourire.

La jeune femme était maintenant dans la cabine du navire, mais elle avait du mal à entendre, aucun son ne parvenait à elle. Lorsqu’elle tourna lentement la tête pour regarder autour d’elle, elle vit Sarah complètement épuisée, écroulé sur une chaise. Elle avait du sang sur les mains et ce sang se trouvait aussi sur la couette du lit où Kathy se trouvait. Charles était toujours inconscient par terre, quoiqu’il se réveillerait très certainement dans les prochaines minutes.
Peu à peu, Kathy commença à pouvoir de nouveau percevoir quelques faibles sons, puis, peu à peu, elle pu entendre correctement. C’est alors qu’elle perçu des pleurs aigus et lorsqu’elle regarda dans une valise que Sarah avait préalablement vidé de son contenu, elle vit un petit garçon.
Sarah se redressa lentement (l’alcool ne devait sans doute plus faire effet sur elle, elle devait en être au stade « gueule de bois »), ramassa le petit et le passa à Kathy.
Kathy était complètement déboussolée. Elle regarda ce bébé et eu besoin de quelques secondes pour réaliser que c’était réellement le sien. Elle éclata alors en sanglot et le serra contre elle.
« Hé Kathy, lui dit doucement Sarah, ça va ?
- J … je veux vivre. » Répondit-elle.

Charles se réveilla une bonne dizaine de minutes plus tard. Sa tête ne lui avait sans doute jamais fait aussi mal ; il fallait tout de même avouer qu’il avait été projeté assez fort contre le mur. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il vit Sarah assise sur une chaise, une main plaqué sur le visage, puis, Kathy dans le lit en train de donner le sein à un bébé. Pendant quelques instants, il crut qu’il ne s’était pas réveillé, il se frotta les yeux durant un moment, mais il se rendit bien vite compte que ce qui se trouvait en face de lui était on ne peux plus réel.
Lentement, il se leva mais ne trouva toujours pas quoi dire.
« Kathy, dit Sarah sans enlever sa main de sa tête, je crois que Charles est enfin réveillé. »
Mais Kathy ne bougea pas. Sans doute n’en avait-elle pas la force mais aussi, elle ne quittait pas son bébé des yeux. En entrant, Charles avait cru voir un enfant de taille moyenne, mais comme cet enfant n’était plus là maintenant, il se dit qu’il avait du rêver.
Charles s’approcha de Kathy, les mains dans le dos mais les doigts serrés. Il regarda le bébé pendant quelques secondes avant de demander :
« Euh … c’est le … le … »
Le bébé avait fini de téter. Kathy le serra doucement contre elle et répondit en souriant :
« Oui, c’est mon fils. Il est pas magnifique ?
- Sûr.
- J’ai pas encore trouvé de nom, mais ça finira bien par venir.
- Je peux … le serrer dans mes bras aussi ? » Demanda timidement Charles.
Le sourire disparu du visage de Kathy elle éloigna légèrement le bébé de la direction de Charles.
« Allez Kathy, il a bien le droit, dit Sarah en enlevant enfin sa main de sa figure, après tout, c’est bien lui le père, non ?
- … oui.
- S’il te plait, dit Charles en tendant très légèrement ses mains vers le bébé, j’ai aussi envie de ...
- D’accord, finie par dire Kathy, mais ça veut dire que comme j’ai plus de force, tu dois le protéger coût que coût, même si tu dois te faire tuer. »
Charles hocha la tête et Kathy lui passa le bébé le plus doucement possible. Le petit garçon dormait maintenant et Charles commença à le bercer tout en lui chantant une berceuse. Kathy de son côté, même si elle était extrêmement fatiguée à cause de l’accouchement, était aux aguets et refusait de s’allonger. Une partie d’elle était cependant surprise : elle n’aurait jamais imaginé que quelqu’un comme Charles puisse ressentir des sentiments pareils et encore mieux, les montrer ainsi.
« Tu devrais te reposer, dit Sarah à Kathy. Je crois qu’on a tous besoin de se relaxer un peu par ici.
- Et si jamais quelqu’un entendait le bébé pendant la nuit ? Demanda Kathy en serrant la couette, il faudra que je le défende quand même.
- Je m’en occupe, répondit Charles en serrant toujours le petit garçon contre lui.
- Lui ! S’exclama Kathy, mais il est même pas capable de me faire peur quand il se bat !
- Eh bien je donnerais un coup de main. » Dit Sarah en haussant les épaules.
Kathy avait bien envie de faire objection à ça mais elle n’osa pas. Après la façon dont Sarah s’était faite avoir dans la forêt et s’était presque faite tuer, elle doutait sincèrement qu’elle pourrait faire quelque chose d’efficace.
« Elle est vraiment forte, dit alors Charles d’un ton qui se voulait rassurant. Je t’assure, c’est une des personnes les plus redoutables de tout le FAM.
- Si tu le dis … » Murmura Kathy.
Une sonnerie de téléphone se fit alors entendre. Sarah fouilla la poche de sa blouse de service et en sortit un portable qu’elle décrocha.
Il y eut quelques instants de silence, puis, elle raccrocha et, fonçant dans la salle de bain en prenant ses habits normaux, elle dit :
« Le boss vient de dire qu’il veut tous nous voir en haut.
- Quoi ! S’exclama Kathy.
- T’inquiète pas, je vais rester ici, dit Charles.
- Ça va sans doute barder pour toi si tu fais ça, lu fit remarquer Sarah en se changeant.
- J’aurais qu’à dire que j’ai trop bu ce soir, c’est bien ce qui a du arriver à près de la moitié des gens ici. »
Sarah avait finie de se changer et fonça hors de la chambre.
Quelques instants de silence passèrent, Charles assit sur une chaise en train de bercer le bébé et Kathy qui, même allongée, gardait un œil sur lui.
« C’est bizarre, dit alors Charles.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda Kathy.
- Si le boss voulait vraiment tous nous voir, alors pourquoi est-ce qu’il n’a pas utilisé le haut parleur ? »

Sarah courait aussi vite que lui permettait ses jambes dans le couloir. Elle se demandait aussi pourquoi le boss avait utilisé son portable pour la joindre, mais bon, peu importe. Mais au bout de quelques minutes, elle vit Quiorra qui se tenait face à elle, au beau milieu du couloir.
« Le boss veut nous voir, dit-elle en s’arrêtant, qu’est-ce que tu fais ici ?
- Nan, ce coup de fil c’était moi.
- Comment ça ? »
Quiorra sourit ; il avait décidément l’air d’être sûr de son coup pour une fois.
« Bétraid veut t’enrôler dans ses rangs et je suis chargé de venir te faire la proposition.
- Holà, dit Sarah en fronçant les sourcils, j’ai du rater un chapitre.
- Comme tu le sais, le but de notre voyage est d’arriver à Son Francisco, mais là-bas, il y a un ennemi qui peut devenir ton allié si jamais tu acceptes de te joindre à Bétraid.
- Désolé, mais c’est pas dans ma liste de choses à faire. Si t’es du côté de Bétraid, alors ça explique les fuites d’infos de ces derniers mois. »
Quiorra n’avait pas du tout l’air de broncher.
« Et puis si « l’ennemi de San Francisco » est bien celui que je pense, reprit Sarah, alors il est même pas question un seul instant que je rejoigne une pourriture comme Bétraid.
- Allons, une fois que tout sera fini, ce truc que tout le monde appel « mal » deviendra « bien ». Le but réel de Bétraid n’est pas la guerre mais la paix universelle.
- Quand je vois les moyens utilisés pour y arriver, je préfère ce monde-ci, aussi pourri soit-il. »
Quiorra haussa les épaules.
« Je savais que j’aurais pas du essayer de négocier avec toi, les femmes sont tellement bornées. »
Il fit alors un geste de la main et des dizaines de silhouettes apparurent. Sarah était bien au courant du pouvoir de Quiorra mais cette fois-ci, elle vit des sabres aussi aiguisés que des lames de rasoir à la place des mains.
« Tu veux me tuer ? Demanda-t-elle en croisant les bras.
- Bien sûr, je peux pas prendre le risque que tu ailles tout raconter au reste du FAM pour moi.
- Y’a quelqu’un d’autre au service de Bétraid ici ? Demanda-t-elle avec son calme habituel.
- Qu’est-ce que ça peu te foutre, tu sera morte dans même pas une min … »
Sarah disparue littéralement du couloir. Brusquement, elle réapparue derrière Quiorra, une arme à la main et lui tira une balle dans la tempe. Il s’écroula presque tout de suite par terre, des morceaux de cervelle recouvrant le sol.
Sarah rangea calmement l’arme dans sa blouse et, puisque l’appel téléphonique qu’elle avait reçu était un faux, pourquoi ne pas retourner dans sa chambre. Elle entendit alors quelqu’un venir et, lorsqu’elle se retourna, elle soupira et dit :
« Vous m’avez fait peur, je savais pas que vous étiez ici.
- Ça te prends souvent de tuer nos propres agents ?
- Croyez-moi, répondit calmement Sarah, celui-ci a une histoire un peu particulière qui expliquerait pas mal de zones d’ombre concernant notre mission. »
Mais Sarah avait peur pour Kathy et Charles car si jamais quelqu’un venait dans la chambre, alors ça finirait très probablement mal.

Charles et Kathy étaient toujours aussi silencieux. Le bébé dormait maintenant à côté de la jeune femme.
« Dis, commença Charles, pourquoi est-ce que tu agit avec moi comme si j’avais tué ta famille.
- Jusqu’à nouvel ordre, tu fais parti du FAM. » Répondit-elle sèchement.
Charles demeura muet pendant quelques secondes avant de reprendre :
« Puisque c’est notre bébé, on a chacun nos responsabilités envers lui donc, autant s’entendre.
- C’est mon bébé !
- Et pourquoi, hein ?
- Parce que j’ai du me taper toute la douleur et tout pour le faire venir au monde et que toi, t’as rien eu à faire !
- C’est nouveau cette attitude égoïste à la puissance 10 ? J’ai connu des gamins au FAM plus matures que ça !
- Eh bien retourne donc jouer avec les mioches et fous-moi la paix !
- Tu veux que je te foute la paix ?! Tu veux que je m’en aille, c’est ça ?! »
Kathy ne répondit pas, mais se redressa vivement pour fixer Charles dans les yeux.
« Fais même mine de laisser tomber le bébé et je te tues de mes propres mains !
- T’inquiète, je vais rester ici, mais c’est parce que j’aime ce bébé et pas parce que je te dois quoi que ce soit !
- Et après tu dis que c’est moi qui suis égoïste ! Cria Kathy.
- Ecoute toi, normalement, en tant qu’agent du FAM, je devrais déjà avoir essayé de te tuer ! Si jamais on voit que je te protège au lieu de ça, alors je me fais tuer, li-t-é-ra-le-ment ! Alors je te pries d’être un minimum reconnaissante pour les risques que je suis en train de prendre pour le bébé ! »
Kathy serra les poings.
« Pendant des années j’ai voulue avoir un gosse mais j’ai jamais trouvé que c’était le bon moment. Eh bien pour une fois que ça arrive, c’est pas pour le partager avec un connard dans ton genre !
- Tu crois que j’ai jamais voulu avoir d’enfant moi ! C’est un des plus beaux jours de ma vie et t’es en train de le gâcher avec je ne sais quel fantasme du parent unique !
- Mon fils n’as pas besoin d’un père et surtout pas d’un père tel que toi !
- C’est mon fils aussi et je pense qu’il a besoin d’un père autant que d’une mère !
- Ça c’est ce que tu pense cré … »
A cet instant, la porte s’ouvrit et le boss fit son apparition.

Voyant le boss, Charles se redressa, prêt à se battre si nécessaire mais Kathy le devança en faisant un geste de la main. Mais elle était épuisée et elle rata son coup et ce fut une partie du mur qui explosa.
C’est alors que Sarah entra dans la chambre, mais elle avait l’air décontractée. Kathy et Charles la regardèrent durant quelques secondes avec des yeux médusés avant qu’elle ne dise finalement :
« T’inquiète pas Kathy, le boss te fera pas de mal.
- Comment ça ? Demanda Kathy avec étonnement.
- Parce que je pense qu’on peut peut-être s’entendre, répondit le boss d’un ton chaleureux. Sarah vient de me raconter ce qui s’est passé avec Quiorra et on a trouvés des documents sur lui qui confirment ce qu’elle a raconté.
- Des documents ? Demanda Charles.
- Oui, répondit Sarah, des trucs sur ce cher Bétraid qu’on croyait mort depuis des années. Pas grand-chose, vraiment pas, mais en tout cas, un petit coup de main assez utile. »
Le boss tourna la tête et regarda le bébé.
« Est-ce que je peux parler avec vous ? Demanda-t-il à Kathy.
- Pour quoi faire ? Dit-elle avec méfiance.
- Eh bien, pour savoir si ça vous dirait de nous rejoindre. Je suis certain que vous voulez que votre bébé ait une vie relativement heureuse, non ?
- … si … mais j’ai certainement pas besoin de vous pour ça. Pour mémo, vous m’avez droguée pendant des mois avec je ne sais quels poisons et maintenant, vous espérez que je vais faire amie-amie avec vous tous ?!
- Vous comptez faire quoi de toute façon une fois arrivée aux Etats-Unis ? Sans argent, sans papier d’identité ; nous, on peut vous fournir tout ça. En plus, je crois bien que ce serait agréable que vous ayez votre chambre. »
Kathy jeta un rapide coup d’œil à Sarah qui hocha de la tête en retour.
« D’accord, finie-t-elle par dire, mais je veux pas de Charles à moins de 10 mètres de moi. »
Charles serra les poings et fronça les sourcils.
« Eh bien alors, pourquoi donc ? Demanda le boss.
- Charles est le père du bébé mais elle et Kathy ne s’entendent pas à la perfection, dit Sarah. Cependant, j’ai bien peur qu’elle ne soit trop fatiguée pour prendre correctement soin du bébé dans les jours à venir, il va falloir laisser Charles s’en occuper.
- Pas du tout ! S’exclama Kathy en sortant brusquement du lit, je vais très bien ! »
Mais très rapidement, ses jambes flanchèrent et elle serait tombée par terre si Charles ne l’avait pas rattrapée. Le boss soupira et dit :
« Vous inquiétez pas, tout va bien se passer, on va s’occuper de vous. Maintenant que j’y pense, vous devez mourir de faim ; que diriez-vous d’un bon dîner pendant que je vous fait un petit topo du programme des prochaines semaine.
- D’accord. » Finie par dire Kathy.

Kathy devait bien en être au 5e plat, elle n’avait très certainement jamais autant mangé dans sa vie, mais peu importe, elle avait faim et elle était épuisée. Donc, autant en finir le plus rapidement possible avec cet entretient. Elle se trouvait assit au fond d’un bon canapé ; juste à côté d’elle il y avait Charles qui tenait le bébé et Sarah. Le boss, lui, était juste en face.
« Bien, commença-t-il quand il comprit que Kathy avait enfin fini de manger, je vais vous expliquer le but de notre mission. Depuis un mois environ, une épidémie a éclaté au nord de San Francisco, et, certaines personnes ont profité de la panique que ça a provoqué pour allez mettre le bazar un peu partout.
- Des gangs quoi, demanda Kathy.
- Oui.
- Alors pourquoi envoyer tout ce que le FAM a de plus fort ?
- Parce que on a eu des renseignements selon lesquels Bétraid serait derrière tout ça, répondit Sarah. On sait pas encore pourquoi, mais il semble qu’il a volontairement déclenché cette épidémie.
- Sans Francisco c’est pas une petite villette de campagne, souligna Kathy, peut-être qu’il veut déstabiliser l’économie du pays ou quelque chose dans le genre.
- De toute manière, dit le boss, on peut encore être sûr de rien au stage où on en est. Notre mission c’est stopper ces petites ordures et rétablir l’ordre dans San Francisco.
- C’est tout ?
- Non, dit Sarah. Maintenant qu’on est sûrs que Bétraid n’est pas mort, il va falloir aller se charger de lui. Une fois qu’on aura réussi à faire ça, alors on aura la paix. »
Pendant toute cette discussion, Kathy avait gardé un œil attentif sur Charles qui tenait toujours le bébé dans ses bras. Elle se tourna alors vers le boss et lui demanda :
« Quand on aura zigouillé Bétraid, vous aurez plus besoin de moi ?
- Exactement, répondit tranquillement le boss. Tout le monde connaît l’étendue de vos pouvoirs et vous êtes un allié de premier ordre pour stopper Bétraid.
- Pour les paiements, comment ça va se passer ?
- Eh bien, je vais faire en sorte que vous ayez un compte en banque aux Etats-Unis et c’est le gouvernement qui va envoyer l’argent.
- Combien ?
- 50% quand on en aura fini avec San Francisco et les autres 50% quand Bétraid sera mort.
- Combien ? »
Le boss passa alors une feuille de papier que Kathy consulta pendant quelques instants avec d’ouvrir grand les yeux et à en demeurer bouche béé.
« C’est assez ? Demanda le boss en lui souriant.
- Oui, oui, oui ! S’empressa de dire Kathy. C’est même bien plus qu’assez !
- Alors c’est conclu ?
- Définitivement ! » Répondit Kathy en lui serrant la main.
Quelques secondes plus tard, le bébé se mit de nouveau à pleurer et Kathy se tourna instantanément vers lui. Elle le prit alors dans ses bras et se mit à le bercer, mais il continuait à pleurer.
« J’ai déjà essayé ça, dit Charles.
- Il doit être fatiguée, dit tranquillement Kathy en serrant le bébé contre elle. Il est temps qu’on aille tous se reposer.
- Elle a raison, dit Sarah en baillant, je suis morte de fatigue moi aussi. »
Kathy embrassa le bébé et le remit à Charles.
« Dis, lui demanda Charles, comment est-ce qu’on devrait l’appeler ?
- Je … je sais pas … j’ai pas vraiment eu le loisir d’y penser.
- Qu’est-ce que tu penses de Lucas. » Suggéra-t-il.
Kathy hésita pendant quelques secondes.
« D’accord, va pour Lucas. » Répondit-elle en souriant légèrement.